vendredi 9 avril 2010

NOUVELLE VAGUE ( I )


"Nouvelle Vague" est une étiquette lancée en 1958, dans un article du magazine l'Express, par Françoise Giroud, pour qualifier un groupe de jeunes cinéaste français, débutant avec éclat, en marge des filières traditionnelles de la profession, sans qualification technique, parfois soutenus par des capitaux privés et employant des interprètes de leur âge, aucun n'ayant encore accédé à la notoriété.
Le terme fit fortune et s'appliqua bientôt à un nouveau style cinématographique, à base de désinvolture narrative, de dialogues provocants, d'amoralisme et de "collages" inattendus, dont le prototype sera A bout de souffle de Jean-Luc Godard. Le public s'enthousiasma, et en 1960 quarante-trois nouveaux auteurs tournaient leur premier film. Parmi eux, le noyau le plus actif venait de la critique, de l'hebdomadaire Arts et des turbulents Cahiers du Cinéma : outre Godard, on y trouvait François Truffaut, qui s'imposa d'emblée avec ses Quatre cents coups, Claude Chabrol, Jacques Rivette, Pierre Kast, Eric Rohmer... D'autres appartenaient à la génération précédente : bien qu'ils eussent déjà réalisé des films, de court ou long métrage, ils ne s'étaient pas compromis avec le "système"; ils furent donc reconnus comme des précurseurs : ainsi Roger Leenhardt, Jean-Pierre Melville, Georges Franju, Alexandre Astruc, Agnès Varda et surtout Alain Resnais, qui frappa un grand coup dès 1959 avec une oeuvre de conception et de facture révolutionnaires, Hiroshima mon amour.
D'autres encore rejoignirent le mouvement par accident ou par calcul, mais s'en détachèrent vite : c'est le cas de Louis Malle, de Jean-Pierre Mocky, de Marcel Camus, de Michel Drach, voire de Roger Vadim.
La mode aidant, les anciens les plus contestés se mirent de la partie, de Marcel Carné à Henri Decoin. Il faudrait ajouter encore les noms de Jean Rouch, ethnographe de talent, qui exerça une influence profonde sur le groupe; de l'écrivain et journaliste Chris Marker, au brio incassable; d'Armand Gatti, dramaturge; et de quelques outsiders qui se glissèrent dans la foulée et s'affirmèrent, plus ou moins glorieusement, par la suite : Jacques Rozier, Michel Deville, Jacques Demy, Philippe de Broca, Henri Colpi, Jean-Daniel Pollet...



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