lundi 23 novembre 2009

ONCE UPON A TIME IN AMERICA - 1984

Les Etats-Unis d’Amérique, dans les « rugissantes » années 20. Deux adolescents, Nathan Aaronson, dit Noodles, et son ami Max Kowansky, se livrent à de fructueux petits trafics dans le quartier juif new-yorkais, le Lower East Side, en compagnie de Patsy Goldberg, Philip « Cockeye » et le jeune Dominic.
Un jour, ce dernier est abattu au cours d’une rixe avec la bande à Bugsy.
Noodles va passer de longues années en prison et penser à son premier amour Deborah, et à sa sortie, il trouvera le pays transformé : ses copains se sont enrichis grâce à la Prohibition mais ne l’ont pas oublié… mais il y a un traître parmi eux. Il faudra du temps et des larmes à Noodles pour découvrir qu’il s’agit de Max, devenu président d’un puissant syndicat.

Une fresque monumentale aux noirceurs calculées.
Cette « gangster story » est un conte cruel qui brosse un vaste tableau de l’évolution de la société américaine d’hier, d’aujourd’hui, de toujours, à travers les destins croisés d’une bande de kids devenus une bande de caïds.
Une fresque romantico-historique, qui magnifie l'Homme, prisonnier de l'Histoire, et non le voyou.
Une dimension épique : 45 ans d’histoire américaine.

Un puzzle de flash-back, des effets sonores et lumineux hallucinants
Lors du premier flash-back, le téléphone sonne 22 fois !
Les phares des voitures sont rouges, mais ils sont blancs quand c’est un flash-back en contrechamp !
Un filtre ocre est appliqué quand New York est filmé dans les années 20, les années de la Prohibition sont filmées en noir et blanc et Noodles sort de prison en couleurs.
Les sons sont placés avec une précision de virtuose : pendule, bruits de pas, de clé, de cuillère, de moteur.

Une partition inoubliable - La flûte de Pan
La bande originale est l'œuvre d'Ennio Morricone, complice habituel de Sergio Leone, pour qui il a écrit cette partition mélancolique plus d'une dizaine d'années avant le début du tournage et qui, au terme d'une longue maturation, est devenu l'un des plus grands classiques de la musique de film.

Un tournage interminable
Le tournage dura plus d'un an avec de nombreuses prises de vue en extérieur à New York, Toronto, Rome et Venise. Le budget de production explosa, dépassant les prévisions de trois millions de dollars. Le film fut finalement achevé en juin 1984.

Une version US tronquée
Sergio Leone avait passé un contrat avec les studios Warner s'engageant à livrer un film de 2h45. Constatant que le résultat final durait 4h25, la major demanda au producteur Arnon Milchan de procéder à de nombreuses coupes pour respecter ce qui avait été décidé au départ. Les Américains auront donc droit à une version tronquée, beaucoup moins intéressante que la version intégrale dont ont bénéficié les Européens.

Un désastre financier
Il était une fois en Amérique, qui nécessita finalement un investissement de 30 à 40 millions de dollars, se solda par un véritable échec commercial aux Etats-Unis. Le film n'y fit que 2,5 millions de dollars de recettes.

Un caméo de Sergio Leone
Sergio Leone fait une brève apparition à l'écran en guichetier.

dimanche 22 novembre 2009

THE NEW HOLLYWOOD ( II )


La naissance de Zoetrope

Deux ans plus tard, Coppola convainquit Lucas de l'aider à monter une société, baptisée American Zoetrope et basée à San Francisco. Un studio à la Easy Rider, une alternative au système en place. Coppola préferait être le premier à San Francisco que le deuxième à Los Angeles...
A la même période, John Calley (qui deviendra président de Sony) est nommé à la tête du studio Warner. Une semaine après sa nomination, il reçoit le télégramme suivant : "Rentre dans le rang ou fiche le camp. Francis Ford Coppola, American Zoetrope". Interloqué il l'appelle et Coppola lui parle de ses plans pour Zoetrope, et dans la foulée vante les mérites de Lucas. Il lui propose THX 1138.
Après des hésitations pour la production de ce film non commercial, le tournage commença en 1969 pour 800 000 dollars. Il fit une sortie éclair en 71 et même Marcia, la femme de Lucas, n'aima pas le film. Mais Coppola avait gagné, il avait convaincu les cadres de la Warner sur le chef d'oeuvre à venir et dit qu'il supervisait Lucas, tout en disant à ce dernier : "Fais ton truc à toi, ce sera génial."
Ce film mit fin à l'alliance entre Zoetrope et Warner.

dimanche 15 novembre 2009

LE MAGNIFIQUE - 1973








Le Magnifique est une immense comédie romantique d’espionnage !
Agent secret, séducteur, machine à tuer, héros macho : C’est Bob Saint-Clar dans toute sa splendeur.
Seulement voilà, Bob Saint-Clar n’existe pas, c’est le héros d’un roman de gare.
Son auteur, François Merlin (Belmondo joue évidemment les 2 rôles), est tout le contraire de Bob.
Sa vie pourrie nous rappelle que déjà dans les années 70, les problèmes Parisiens étaient déjà les mêmes : les plombiers et électriciens qui ne viennent pas, la circulation, la pluie, le bruit.
La vie rêvée de Merlin n’est que le résultat de ses frustrations.
Bob Saint-Clar n’a rien du héros Magnifique.
C’est la vulgarité et l’exubérance qui l’emportent.
Un film sur l’acte d’écrire mais centré sur l’auteur lui-même et non l’objet du livre.
Un film au déroulement de plus en plus absurde, pathétique mais hilarant…

Lorsque François Merlin pense à arrêter d'écrire, il songe à partir en Auvergne.
Il s'agit d'un clin d'œil puisque Jean-Paul Belmondo y a passé sa jeunesse.

Le DJ Bob Sinclar a choisi son nom de scène en l'honneur du héros du Magnifique.





LE GAUMONT PALACE



La rénovation de l'ancien hippodrome construit à Paris, sur la place de Clichy, à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900, permit à Gaumont d'ouvrir la plus vaste et la plus somptueuse salle de cinéma du monde, dotée de 3 400 places. Parmi les nombreuses images de l'époque qui témoignent de la splendeur de cet édifice, signalons en particulier une toile d'Abel-Truchet (1857-1918), peintre en vogue à la Belle Époque.
La peinture impressionniste de l'édifice illuminé dans la nuit met l'accent sur son aspect féerique, à travers l'emploi de tonalités chaudes et le choix d'une scène attrayante. On y voit en effet les nombreux spectateurs, en habit de soirée, se précipiter, à pied ou en calèche, vers l'entrée du cinéma. Son succès ne s'est jamais démenti ; c'est pourquoi, avec l'arrivée du cinéma parlant à la fin des années 20, la firme Gaumont entreprit de rénover le Gaumont Palace afin d'y installer un équipement adéquat pour le son - reconversion qui s'accompagna d'un agrandissement de la salle et d'une réfection de l'aspect général du bâtiment sous la tutelle de l'architecte moderniste Henri Belloc.
C'est ainsi un Gaumont Palace entièrement rénové qui rouvrit ses portes le 17 juin 1931 : réalisée avec des techniques de construction modernes d'inspiration américaine, l'ossature spectaculaire du bâtiment fut habillée de staff. A l'extérieur, un système de verticales et d'horizontales rythmait la façade, dans la tradition de l'Art déco, tandis qu'à l'intérieur, l'éclairage indirect dissimulé dans les corniches et les plafonds décalés accentuait la légèreté des lignes géométriques.
Offrant désormais 6 000 places, la salle fut dotée d'un écran géant et d'un plafond ondulé favorisant la diffusion du son.
Le succès de cette réalisation, ainsi que celle du Rex, conçu à la même époque par l'ingénieur John Eberson avec le concours de l'architecte Auguste Bluysen, entraîna la construction de nombreux cinémas parisiens dans les années 30.

FANTÔMAS - 1913


Paris, vendredi 9 mai 1913

Fantômas sort au Gaumont Palace, alors plus grande salle au monde, et attire 80000 spectateurs en une semaine.
Au delà de son impact cinématographique, le film est un formidable document sur le Paris de l'époque. Découvrir ce Paris des fortifications et des tramways est très émouvant.

Ce film est considéré comme l'un des premiers chefs d’œuvre du cinéma, ce que la critique moderne appellera plus tard le « réalisme fantastique » ou le « fantastique social ».
Alain Resnais déclarera d’ailleurs : "On dit qu’il y a dans le cinéma une tradition Méliès et une tradition Lumière ; je crois qu’il y a aussi un courant Feuillade qui utilise merveilleusement le fantastique de Méliès et le réalisme de Lumière."

Louis Feuillade aura donc considérablement marqué l’histoire du cinéma, et, sur les traces de son Fantômas, Paris se découvre à la fois dans toute sa noirceur et dans toute sa beauté.

vendredi 13 novembre 2009

THE NEW HOLLYWOOD ( I )


Au début des années 1970, une poignée de jeunes réalisateurs prirent d’assaut des studios californiens que présidaient encore des ancêtres comme Jack Warner et Darryl Zanuck.
Leurs noms : Coppola, Lucas, De Palma, Spielberg, Scorsese…



La rencontre Coppola / Lucas

En 1966, Francis Ford Coppola, 28 ans et tout juste diplômé de UCLA (University of California, Los Angeles), réalisait son premier film, "You’re a big boy now". « On n’avait jamais vu un jeune gars faire un film », se souvient Coppola. Mais le réalisateur ne put pas bomber le torse très longtemps. Il y a un autre réalisateur qui vient de faire un film et il a seulement 26 ans, apprit-il peu après à sa grande consternation. C’était William Friedkin. Le jeune réalisateur, qui gagnera en 71 un oscar pour "French Connection", avait en fait un peu plus de 26 ans quand il réalisa "Good times".
"You’re a big boy now" sortit en salles en mars 67. Le Los Angeles Times le qualifia à l’époque de « l’un des rares produits américains qui puisse s’assimiler à ce que les européens appellent un film d’auteur ». Coppola s’acheta une Jaguar et emménagea avec sa femme Eleonor dans une petite maison en forme de A. Friedkin passait souvent le voir, et Coppola essaya même de le fiancer à sa sœur Talia ( qui jouera la sœur de Pacino dans "Le Parrain") .
Sur le tournage de son film suivant, "Finian’s rainbow", une sorte de bluette à petit budget, le réalisateur repéra un jeune gringalet de 23 ans qui l’observait travailler. A force de le voir sur le tournage, Coppola remarqua que le jeune homme portait tous les jours le même uniforme : jean noir, tee shirt et baskets blancs. George Lucas était le petit génie de l’université de South California et son court-métrage "THX 1138 : 4EB / Electronic Labyrinth", venait de remporter le premier prix du 3ème festival du film d’étudiant avec, à la clé, une bourse de six mois qui lui permettait de déambuler à sa guise dans les studios Warner. Lucas était timide à un point quasi pathologique. Sa future femme, Marcia Griffin, mit plusieurs mois avant de lui faire dire son lieu de naissance. « Il ne révélait rien sur lui spontanément » se souvient-elle. Avec ses collègues réalisateurs, au contraire, Lucas pouvait parler cinéma, et Coppola, rapidement, reconnut l’un des siens…
Après deux semaines à regarder son nouvel ami s’échiner sur "Finian’s rainbow", Lucas décida qu’il en avait assez vu. Pour le plus grand ennui de Coppola : « Comment ça tu t’en vas ?, demanda-t-il à Lucas ? Je ne suis pas assez divertissant, c’est ça ? T’as appris tout ce que tu devais apprendre ? » Coppola lui offrit un job sur la production et Lucas se laissa séduire. Son nouveau mentor eut une influence immense sur Lucas. Coppola passait son temps à lui dire qu’il était un génie, développant lentement mais sûrement son ego. D’après Marcia, aujourd’hui divorcée de Lucas, « George ne savait pas écrire, et c’est Francis qui l’y a décidé. » Francis lui a dit : « Si tu veux devenir cinéaste, il faut que tu écrives. » Et il l’a pratiquement enchaîné au bureau.
L’opposition de leurs styles de vie était matière à accrochages. « Ma vie est une sorte de réaction à celle de Francis, expliquait Lucas. Je suis son antithèse. » Coppola était grand et imposant, Lucas petit et fragile. Coppola émotif, Lucas réservé. Coppola se voulait un homme d’équipe jusqu’à en abuser. Lucas était obsessionnel et aurait aimé pouvoir tout faire tout seul, écrire, réaliser, produire, monter.
Quel que soit le budget dont disposait Coppola, il se conduisait toujours comme s’il avait encore plus d’argent.
Quel que soit le budget dont disposait Lucas, il se comportait comme s’il n’avait pas un sou.

MUTINY ON THE BOUNTY - 1962

1787.
Le Bounty ramène de Tahiti des plants d'arbres à pain et les transporte en Jamaïque.
Afin d’arriver au plus vite pour replanter à la bonne saison, le Capitaine Bligh soumet son équipage à une discipline de fer en les affamant et en les maltraitant.
Le Lieutenant Fletcher Christian va s'opposer à lui et organiser une mutinerie...

Carol Reed commença à réaliser ce remake du film de Frank Lloyd (1935) mais les extérieurs dans les îles du Pacifique ne lui convenaient pas. Après bien des problèmes avec Marlon Brando qui supervisait la réalisation et le scénario, il abandonna et fut remplacé par Lewis Milestone.

Le spectacle est magnifique mais le drame y perd en tension après la mutinerie pour finir avec l’incendie du vaisseau et Brando qui cabotine dans une interminable scène d’agonie. Son interprétation de Fletcher Christian est cependant plus subtile que celle de Clark Gable. C’est sans doute pour cela que le film est magnétique, il y a Brando... comment dire ? bon ou mauvais, il est bon ! Ce film ne se regarde que tous les 10 ans mais à chaque fois on replonge et on repart 3 heures à Tahiti.

Conflit basé sur la lutte des classes entre l'aristocratie et la bourgeoisie : "Comme tous les gentlemen vous avez du mépris pour l'effort, l'ambition et pour tout homme qui n'appartient pas à votre caste. Vous êtes empoisonné par le dédain" dira avec justesse Bligh à Christian.

Tarita Teriipaia qui interprète Maimiti, l'amour du lieutenant Christian, alias Marlon Brando, va effectivement devenir sa compagne. Ils auront deux enfants ensemble : un fils, Teihotu, et une fille, Cheyenne, qui connaîtra un destin tragique. Au moment du tournage, en 1960, elle a 19 ans et lui, 36.