mardi 13 avril 2010

BIG BOSS - 1971

Bruce Lee effectue en janvier 1971 un voyage de repérage en Inde pour son projet "The Silent Flute", accompagné de ses deux associés l'acteur James Coburn et le scénariste Sterling Silliphant. Un voyage qui se révèle peu concluant, Bruce n'ayant pas trouvé les décors qui lui conviennent. Il accepte donc, par l'intermédiaire de la femme du metteur en scène de Hong Kong Lo Wei, la proposition de Raymond Chow, le maître de la Golden Harvest, de tourner " The Big Boss". Lee quitte Los Angeles pour Hong Kong le 12 juillet 1971 et à peine arrivé est mis dans le premier avion pour Bangkok : Raymond Chow craint que sa nouvelle vedette ne se fasse débaucher par les agents de la Shaw Brothers.
De Bangkok, l'acteur arrive à Pakchong où l'attend l'équipe. Dès les premiers jours de tournage, les problèmes s'accumulent. Même au New Wanchai, le meilleur hôtel de Pakchong où loge l'équipe, la nourriture est mauvaise et les moustiques insupportables.
Lee passe de 62 à 58 kilos en moins de dix jours. Il écrit à sa femme qu'il ne trouve pas de boeuf, très peu de volaille et de porc et qu'il est content d'avoir emporté des vitamines ! En lavant un verre, il se coupe gravement la main droite. Dix points de suture et un énorme pansement, visible à l'écran, en résultent. Les premiers rushes qui arrivent à Hong Kong sont catastrophiques. Raymond Chow prend la décision de renvoyer le réalisateur Wu Chia Hsiang, et dépêche Lo Wei en Thaïlande pour reprendre le tournage. L'acteur profite de l'intervalle pour arranger le scénario et étoffer son rôle et est loin d'imaginer le phénomène que va constituer le film...

Cinq années se sont écoulées depuis "The Green Hornet", et la façon de combattre à l'écran du Petit Dragon s'est considérablement modifiée, en suivant l'évolution de sa pratique personnelle, le Jeet Kune Do. Les coups de poing s'éloignent de l'escrime directe du Wing Chun pour s'approcher des crochets de la boxe anglaise. L'influence de Han Yingjie, le chorégraphe qui interprète également le rôle du méchant, s'avère elle aussi déterminante. Han Yingjie est avec Liu Chia-liang le plus grand chorégraphe des années 60. Le second représente les styles du sud, le premier les styles du nord. Han recycle des figures de styles peu réalistes mais très payantes sur le plan visuel, directement empruntées au sabre mandarin : l'image du héros entouré par un cercle d'ennemis, les coups donnés en apesanteur, les bottes secrètes relevant de la fantaisie martiale. Des éléments à priori peu compatibles avec les conceptions de Bruce Lee, mais l'alchimie va pourtant fonctionner. Les quatre jours prévus pour le combat final sont absolument épuisants. En plus de se fouler une cheville, Bruce attrape la grippe, ce qui oblige Han à renoncer à la chorégraphie élaborée qui devait conclure le combat. Il invente donc une fin rapide qui justifie que Bruce soit au sol : le lancer de couteau, renvoyé d'un coup de pied suivi par la perforation intercostale est trop gore et irréaliste aux yeux de Bruce mais physiquement, il n'est plus en mesure de proposer autre chose.

D'autres scènes d'intérieur vont être tournées à Hong Kong aux anciens studios de la Cathay rachetés par la Golden Harvest. Le 6 septembre, jour du Labour Day, Bruce quitte enfin Hong Kong. Il débarque à Los Angeles le lendemain et Lo Wei s'attaque au montage. La langue du film étant le mandarin, tous les dialogues de Lee sont post-synchronisés. 

Le montage est achevé en moins de six semaines et le film sort à Hong Kong le 31 octobre 1971.
Ce fut le premier film à rapporter 1 million de HKD en 2 jours et Bruce Lee stupéfiant le public accède au rang de star.

Excellent acteur, le Petit Dragon dégage un incroyable charisme : dès que les spectateurs virent ses premiers coups, le kung fu pian entra dans une nouvelle ère. On assiste à une explosion de violence dérangeante tellement Bruce massacre ses adversaires. Lee impose son style, ses cris, son corps, sa puissance, sa rapidité, sa maîtrise. 

Ce style félin est totalement inédit et reste aujourd'hui sans égal.






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