mardi 30 mars 2010

LES YEUX SANS VISAGE - 1960





S'il existe dans le cinéma français une tradition bien ancrée du merveilleux, de Méliès à Cocteau, on ne peut guère citer de grands auteurs se réclamant du fantastique en dehors de Georges Franju.

Rigueur d'écriture, fluidité narrative, attachement aux décors et aux objets, film d'inspiration expressionniste, on bascule tout à coup dans le plus glacial réalisme.
Nulle complaisance dans l'horreur, mais un figement dans la forme, proche de la catalepsie.

La magie du film doit beaucoup au chef opérateur Eugen Schufftan, l'un des grands maîtres du "noir et blanc".

Peur primale
Le parcours de la peur se déroule exclusivement sur les visages. 
Le visage qui a peur est également celui qui fait peur.
Franju pose ici l'équation : La peur primale, est-ce avoir peur de la peur ?


samedi 13 mars 2010

THE NEW HOLLYWOOD ( V )





"American Graffiti" fut projeté en avant-première à San Francisco le 28 janvier 73. Convaincu que la salle était bourrée d'amis personnels de Lucas, Ned Tanen, responsable de la production pour Universal, refusa de tenir compte des réactions enthousiastes du public. Il prit à partie un des producteurs et lui dit : "Le film n'est pas prêt à sortir en salles. Tu aurais d'abord dû nous le montrer. Je me suis battu pour toi, et toi, tu m'as laissé tomber". Se retournant vers Coppola, qui produisait aussi le film, il lui dit, furieux : "Je suis très emmerdé. On a pas mal de boulot à faire. - De quoi parles-tu ?, demanda Coppola tremblant de colère. Tu n'as pas entendu et vu ce qu'on a vu et entendu ? Et les rires ? - J'ai pris des notes, répondit Tanen. On verra si on peut le sortir en salles. - Tu verras si tu peux le sortir ?, gronda Coppola, apoplectique. Tu devrais plutôt te mettre à genoux et remercier George d'avoir sauvé ton boulot. Ce gosse s'est crevé pour faire ce film pour toi. Et il l'a fini dans les temps et sans dépassement de budget. Le moins que tu puisses faire serait de le remercier."

Coppola se souvient d'avoir sorti son chéquier et offert d'acheter le film sur-le-champ à Universal, tout en lançant : "Si tu détestes le film tant que ça, laisse-le partir, on ira chez quelqu'un d'autre, et tu récupéreras ton fric."

"American Graffiti" sortit en salles le 1er août 73.
Il explosa tous les records et rassembla 55 millions de dollars au box-office.
Le film avait seulement coûté 775 000 dollars, plus 500 000 supplémentaires pour payer l’impression des copies et la promotion, soit un retour sur investissement de 4 300 %.

Lucas se fit à peu près 7 millions sur le film, ou 4 millions après impôts. Pendant des années, les Lucas avaient vécu avec 20 000 dollars au mieux par an. Pour Lucas cependant, malgré le radical changement de style de vie, le verre n’était qu’à moitié vide. Lucas voulait toujours être respecté en tant qu’artiste comme Coppola et Scorsese. Il dit un jour à William Friedkin qu’American Graffiti était une version américaine de « I Vitelloni » de Fellini.
Il se demandait pourquoi aucun critique américain ne l’avait relevé.
Friedkin pensa : « Mon Dieu, il croit vraiment avoir fait ça. Quel prétentieux ! »


OUR MAN FLINT - 1965


ZOWIE

Au siège du Zonal Organization World Intelligence Espionage, le conseiller du Président des Etats-Unis d’Amérique a rassemblé les représentants de toutes les nations du monde afin de leur faire part de la gravité de la situation :
Des catastrophes climatiques demeurent inexpliquées. Ces déferlements de cyclones, avalanches, éruptions volcaniques ne seraient pas naturels mais provoqués par une mystérieuse organisation qui serait parvenue à contrôler le temps…
Les agents secrets du monde entier sont incapables de trouver la moindre piste.
Et comme 008 est déjà en mission, personne n’est capable d’assumer la situation.

FLINT
Que faire ? Il faut se résoudre à contacter Flint…
Flint est le plus grand espion de tous les temps mais il a démissionné.
Maître d’armes et karatéka, il arrive qu’il s’occupe de la chorégraphie du ballet du Bolchoï…
Médecin et scientifique, il fabrique ses gadgets, jugeant ceux de la C.I.A trop ridicules.
Parlant une vingtaine de langues, il a inventé son propre code de décryptage indéchiffrable puisque basé sur ses futurs paris de courses de chevaux !
Possédant une connaissance très poussée du yoga, il peut se mettre en catalepsie.
Il peut communiquer avec certains animaux.
Toutes les femmes sont folles de lui et vit d’ailleurs avec une américaine, une japonaise, une italienne et une française.

Avec Derek Flint, nous sommes dans le registre de la parodie jubilatoire et qui d’autre que James Coburn pouvait incarner cet agent secret malicieux.

Flint symbolise l'excès : Il abolie les frontières de la crédibilité.

007
1962 : « Dr No » révolutionne le film d'espionnage.
En France et en Italie, les agents secrets débarquent avec plus ou moins de succès, souvent moins.
En deux occasions, le film évoque ouvertement James Bond.
Une première fois dans le bistrot marseillais où Flint recueille des informations de la part de 008 qui lui glisse le nom de Galaxy, précisant que le Spectre n'était pas assez bon pour mettre en œuvre un tel plan. Et lorsque Gila est en train de lire un bouquin intitulé «The Adventures of 008 »...

Marseille
Qui d’autre que Flint pourrait faire le lien avec une fléchette contenant du curare...
et la recette de la bouillabaisse ?!!
Personne, et il file à Marseille goûter toutes les bouillabaisses dans les restaurants jusqu'à retrouver celle qui correspond au dosage utilisé en ail, safran et fenouil, ingrédients retrouvés sur la fléchette..
C'est là qu'il va rencontrer Hans Grüber, un ex-nazi et démanteler toute l’organisation pour sauver le monde tranquillement en toute décontraction.