mercredi 5 août 2009

THE GODFATHER Part II - 1974


Libéré des pressions auxquelles il avait été soumis pendant le tournage du premier volet, Francis Ford Coppola put livrer une véritable fresque, dans un film fastueux, qui poursuivait la tragédie de Michael Corleone.

La structure du film est complexe, en miroir. A la déchéance de Michael Corleone et sa famille répond l'avènement de Vito Corleone qui construit la sienne. Le flash black ressemble à un rêve américain presque typique, puisqu'un pauvre immigrant profite des opportunités que sa nouvelle terre a à lui offrir. Michael quant à lui s'enfonce sans retour, au delà de toute rédemption possible, comme un empereur solitaire, cruel, tyrannique et impitoyable envers ses ennemis.

Ce second opus est le sommet de la trilogie car on sent que le cinéaste a pu donner à cette histoire l'ampleur qu'il souhaitait. Elle évoque très directement les mythes : celui de la Mafia comme version moderne de l'empire romain, et celui du rêve américain. Cet opus est sombre et pessimiste pour Michael, optimiste et lumineux en ce qui concerne son père Vito, même si l'odyssée commence et s'achève dans un bain de sang pour l'un et l'autre.

Il y a de plus le rapprochement de deux des plus grands acteurs de leur génération dans un fondu légendaire.

Robert de NIRO fut lauréat de l'Oscar du meilleur second rôle, et le film reçut 6 Oscars dont celui du meilleur film en 1974.



BRAZIL - 1985


Terry Gilliam, un ex-Monty Python rêve de mettre en scène une fable d'anticipation et réussit en une nuit dans un bar à Paris, à convaincre Arnon Michlan de produire ce script délirant...
Commence alors un tournage épuisant. Devant le résultat final, choquée par la noirceur du propos, la major américaine prend peur et décide d'amputer le film de son génial final. Terry Gilliam et Arnon Michlan décident de montrer leur version aux journalistes. Le film ainsi sauvé est acclamé par la presse américaine. Pour les punir, Universal distribue le film en catimini avec un nombre restreint de copies. Peu de gens voient donc l'œuvre en salle, mais la rumeur enfle vite : Brazil est un pur chef-d'œuvre, fou et culte.

Central Services! We do the work, you do the pleasure...

Plus le film avance, plus les rêves du héros se confondent avec sa vie réelle : la même femme, la lutte héroïque contre un adversaire à la taille démesurée, le masque de l'ennemi. La force du film, outre l'incroyable virtuosité de la mise en scène et l'imagination débridée de Terry Gilliam, est la multiplicité des tons. Sublime, inquiétante et lucide réflexion sur notre société, Brazil est successivement hilarant et poignant, euphorisant et glaçant. Impossible d'oublier Robert de Niro en technicien-chauffagiste qui emmerde littéralement les employés de "Central Services".
Chaque vision est une expérience, permettant d'observer de nouveaux détails jusque-là ignorés.

En mixant l'esthétique expressionniste des années 30, le kitsch publicitaire des années 50 et le rythme vidéo clip des 80's, Gilliam imagine un monde orwellien. Dans cette société irrespirable envahie par les écrans de télévision, le culte de la performance et les climatiseurs, une obscure industrie de l'information galvanise les foules au nom de la guerre contre le terrorisme. Partant de ce meilleur des mondes où n'importe qui peut faire office de suspect du jour au lendemain, Terry Gilliam brode un scénario qui tient du cauchemar paranoïaque et burlesque.

Un film inégalable, indémodable, peut-être mon second film préféré toutes catégories...

Sorti en décembre 1985 aux Etats-Unis, Brazil a été nommé à deux reprises lors de la cérémonie des Oscars 1986, dans les catégories "Meilleur scénario original" et "Meilleurs décors."
Finalement tenu par Kim Greist, le rôle de Jill Layton a fait l'objet d'une chaude lutte parmi les actrices en vue d'Hollywood. Ainsi Jamie Lee Curtiss, Rosanna Arquette, Rebecca de Mornay, Ellen Barkin et même Madonna ont-elles été un moment envisagées.
Terry Gilliam apparaît furtivement en fumeur de cigarettes qui croise le chemin de Sam Lowry dans la tour Shang-ri La.
Avant de se nommer Brazil en référence à la chanson, le film a failli s'appeler "The Ministry of torture" ou "1984 ½" !

lundi 3 août 2009

TOUCH OF EVIL - 1958


Deux policiers rivaux, l'américain Quinlan et le mexicain Vargas enquêtent sur l'explosion d'une bombe ayant fait deux morts à la frontière mexicaine. Quinlan suspecte Sanchez, chez qui sont retrouvés des batons de dynamite. Mais Vargas soupçonne Quinlan d'avoir caché la dynamite chez Sanchez et tente de le confondre.

D’un noir et blanc travaillé en fonction du Mal et du Bien, façonné en ombres menaçantes et éclairages malveillants, à la bande sonore qui agrandit l’espace et donne de la profondeur à ces prises de vue filmées en grand angle, grand angle qui déforme les perspectives, en passant par les plongées et les contre-plongées qui désarçonnent les protagonistes, à cette caméra qui prend de haut la ville pour mieux l’explorer ou l’exploiter, aux plans-séquences, tous risqués, le film d’Orson Welles reste toujours en bonne place - ainsi le spécifient Georges Lucas, Peter Bogdanovitch, Robert Wise - dans les cours d’analyse filmique des écoles de cinéma.

Welles aimait particulièrement John Ford et Jean Renoir, parce que chez eux, disait-il, la caméra ne s’annonce pas. Or, là, dans ce plan-séquence réglé minutieusement pendant dix jours de tournage (bombe dans une voiture, recul, retour sur la voiture qui parcourt la ville entière avec passants, voitures, chèvres, boîtes de nuit,...), le génie de cinéma éclate avec maestria, donnant le vertige et coupant le souffle. Car ce travelling sur grue est d’une composition certes impeccable mais d’une densité dramatique implacable : le bombe va exploser. Ainsi, cette virtuosité visuelle et sonore n’est jamais purement cinématographique, elle se raccroche également au théâtre et à la radio. Et puis cette densité est sublimée par l’interprétation des comédiens. Mais comme le faisait aussi remarquer Orson Welles à Peter Bogdanovitch, le noir et blanc flatte la performance de l’acteur, le noir et blanc est l’ami du comédien, car il met en valeur le jeu plutôt que la couleur des yeux ou le teint de sa peau. Il donne une atmosphère, améliore les décors. Et la vision de Los Robles, ville-frontière imaginaire, est bouleversée par les angles de prise de vue et le noir et blanc et puis toutes ces scènes, pour la grande majorité, tournées de nuit.

Orson Welles venait de découvrir en France la caméra cameflex, une caméra 35 mm conçue pour être portée et pour la première fois à Hollywood, une telle technique est utilisée.
Les scènes tournées en voiture sont innovantes et annoncent la fin (ou presque) des prises en voiture avec transparent (le comédien fait semblant de conduire, la voiture ne bouge pas - Universal refera une scène, présente dans la version finale, entre les époux Vargas et en utilisant le bon vieux procédé, on peut donc juger de la différence) puisque celles de La Soif du mal ont été tournées alors que le comédien conduit vraiment.
Orson Welles réalise la première séquence dialoguée dans une auto en marche : le pare-brise a été enlevé et la caméra, posée sur le capot.

SLEUTH - 1972


C’est le dernier film de Joseph L. Mankiewicz, et l’un de ses chefs-d’œuvre. "Le Limier" est un petit tour de force : parvenir à tenir en haleine le spectateur pendant plus de deux heures avec seulement deux acteurs n’est en effet pas un tâche facile même si le lieu est un vaste manoir anglais empli d’automates. Un écrivain à succès, amateur de jeux, (Laurence Olivier) a invité l’amant de sa femme (Michael Caine) à venir le rencontrer. La confrontation sera étonnante… Il s’agit de l’adaptation d’une pièce d’Anthony Shaffer dont le déroulement du scénario est absolument parfait et qui ne se départit jamais d’une forte intensité.


Le jeu dans le jeu, le face à face de deux mondes, retournements et faux-semblants alimentent constamment "Le Limier" pour former un ensemble particulièrement riche, que seuls deux grands acteurs et un très grand réalisateur pouvaient porter à de tels sommets.

Un succès d'abord théâtral :
La pièce de théâtre "Le Limier", dont le film est tiré, est restée à l'affiche pendant huit années en Grande-Bretagne, totalisant 2359 représentations. Le succès de la pièce ne s'est pas démenti puisqu'à Broadway, aux Etats-Unis, la pièce a été jouée plus de 2000 fois. Elle a remporté un Tony Award en 1970.

THE GREAT RACE - 1965


1908. Le professeur Fatalitas et son ennemi, le Grand Leslie, participent à une course automobile reliant New York à Paris. Pour gagner, Fatalitas est prêt à toutes sortes de ruses mais c'est sans compter sur la présence dans la course de Maggie Dubois, une journaliste féministe, qui va semer le trouble dans le coeur de Leslie.


Comédie irrésistible à l'effet boule de neige souvent désopilant, "The great race" marque l'un des sommets de la carrière de Blake Edwards. Dans cette œuvre euphorisante, les comédiens vedettes, Tony Curtis (parfait en séducteur flegmatique et cascadeur émérite), Jack Lemmon (génialissime Professeur Fatalitas, némésis du grand Leslie prêt à toutes les fourberies pour vaincre ), Peter Falk (l'adjoint du professeur, véritable empoté qui multiplie les maladresses) et Nathalie Wood (énergique journaliste toujours prête à démontrer l'égalité voire la supériorité de la femme sur l'homme) forment un formidable quatuor qui multiplie les gags pour notre plus grand bonheur.


Parfaitement mis en valeur par la réalisation sophistiquée, minutieuse et même avant-gardiste de Blake Edwards (la séquence de chant de Nathalie Wood, véritable karaoké avant l'heure) et la musique génialement lancinante et ironique de Henry Mancini, les péripéties se multiplient avec un remarquable sens du tempo.

QUI ÊTES-VOUS POLLY MAGGOO ? - 1966


Une équipe de télévision réalise le portrait du mannequin vedette Polly Maggoo.
Celle-ci joue si bien son rôle qu'à la fin de l'interview, le journaliste se pose des questions sur la véritable identité du modèle.
Ainsi, à travers les deux visages de Polly Maggoo et avec un cocktail de styles, William Klein donne à voir les deux faces des mondes de la mode et des médias exhibitionnistes.

Un sommet du film pop fashion, une satire délirante du milieu mondain de la mode, et de la télévision... William Klein, esthète, poète, et photographe signe une farce réjouissante sur la jet set fashion, et la dictature arrogante du bon goût orchestré par une certaine intelligencia des médias.