dimanche 21 novembre 2010

THE NEW HOLLYWOOD ( IX )



En 73, Spielberg réalisa "The Sugarland Express". Généralement, c'est le producteur qui pousse le réalisateur à rendre son film plus commercial. Là, ce fut Spielberg qui suggéra que le film pouvait faire plus d'argent si les rôles principaux survivaient à la fin. Et ce furent les producteurs David Brown et Richard Zanuck qui mirent leur veto.
Après "Duel", Spielberg avait pris l'habitude de se rendre à Nicholas Beach où vivait Margot Kidder et la petite communauté du New Hollywood et se souvient que, parfois, durant les nuits chaudes, tout le monde dormait dans des sacs de couchage par terre ou sur la plage : "C'était comme si une vague de cinéphiles s'était échouée sur la plage."
Spielberg, qui restait par certains côtés un adolescent attardé, vivait de gâteaux et de friandises et dormait avec des chaussettes blanches et un tee-shirt...
Il se mit alors sur les traces de De Palma, un homme à femmes qui possédait de la classe par dessus le marché. Il appréciait les deux aspects du personnage. Il se mit à porter une veste de safari, le signe de reconnaissance de De Palma. Par la suite, il fit de même avec Scorsese, l'écoutant avec la même sorte de religieuse attention avec laquelle il absorbait les paroles de De Palma. Spielberg n'avait rien à faire du cinéma d'auteur. "Il ne voulait pas être le fils de Jean-Luc Godard, se souvient Carson. Il voulait être le fils de Sid Sheinberg, le président d'Universal. Steven se précipitait pour acheter des magazines professionnels. Il parlait tout le temps des films en termes de box-office." 
Spielberg consacrait toute son énergie à analyser la culture. Chaque mois, il lisait tous les magazines, de Tiger Beat à Esquire, de Time à Playboy. Il voulait devenir un expert de ce qui était branché, de ce que les gens pensaient.
Spielberg n'avait pas beaucoup l'expérience des filles. Quand il eut une petite amie, une hôtesse de l'air rencontrée pendant le tournage de "The Sugarland Express", Kidder lui apprit la vie : "Je l'ai fait asseoir et je lui ai dit : OK Steven, voilà ce que tu vas faire : tu ne gardes pas tes chaussettes et ton tee-shirt pour dormir, tu trouves autre chose que des Twinkies à mettre dans ton frigo et tu lui lis du Dylan Thomas." :)

THE NEW HOLLYWOOD ( VIII )

GREETINGS
Brian De Palma et Scorsese s'étaient rencontrés pour la première fois en 65 à l'université de New York. A 29 ans, De Palma était déjà une légende pour les réalisateurs débutants. Il avait derrière lui plusieurs films indépendants comme "Greetings" (68) et "Hi, Mom!" (71), tournés avec un acteur inconnu nommé Robert. Quand Scorsese s'installa à Los Angeles, De Palma lui présenta une jeune actrice nommée Jennifer Salt qui partageait une maison avec Margot Kidder parce qu'elles avaient joué les rôles principaux de "Sisters" (73). Kidder commença à sortir avec De Palma. A l'époque, Bobby Fischer disputait à Spassky le titre de champion du monde d’Échecs, et la folie des Échecs avait gagné cette bande. Brian enseigna à Margot à jouer, et chaque fois qu'elle faisait un coup stupide, il renversait l'échiquier.

mercredi 12 mai 2010

V FOR VENDETTA - 2006

Voilà!
In View, a humble Vaudevillian Veteran... Cast Vicariously as both Victim and Villain by the Vicissitudes of fate. This Visage no mere Veneer of Vanity is a Vestige of the Vox populi now Vacant, Vanished. However, this Valorous Visitation of a by go Vexetation stands Vivified and has Vowed to Vanquish these Venal and Virulent Vermin Vanguarding Vice and Vouchsafing the Violently Vicious and Voracious Violations of Volition. The only Verdict is Vengeance, a Vendetta... Held as a Votive not in Vain, for the Value and Veracity of such... Shall one day Vindicate the Vigilant and the Virtuous. Verily this Vichyssoise of Verbiage Veers most Verbose. So let me simply add that it’s my very good honor to meet you... 
And you may call me V.      

jeudi 6 mai 2010

BLADE RUNNER - 1982

"I've seen things you people wouldn't believe. Attack ships on fire off the shoulder of Orion.

I watched C-beams glitter in the darkness at Tannhäuser Gate."

Au début du XXIème siècle, la génétique crée des êtres à l'apparence humaine appelés "replicants". Ils sont plus forts que leurs géniteurs et aussi intelligents qu'eux. Leur durée de vie est limitée à quelques années, à peine le temps d'acquérir un passé, des souvenirs et peut-être, des sentiments. Ils sont utilisés comme auxiliaires dans l'exploration des autres planètes. Certains s'étant mutinés, tous ont été interdits de "Terre" sous peine de mort.
Pourtant, quatre d'entre eux rôdent dans Los Angeles...

Pub,BD, peinture, design et littérature
"Blade Runner" est un prototype, il a redessiné les perspectives du cinéma de science-fiction.
Le film rompt avec les stéréotypes de l'anticipation en imposant une vision du futur en bousculant les repères temporels.
Aventure technologique et baroque, matrice esthétique, le film interroge sur la place du cinéma en percutant les autres arts.

Symboles et thématiques
La symbolique visuelle est très forte à travers deux éléments récurrents :
Dans un plan très serré d'un oeil, se reflète l'horizon et les lumières de la ville. C'est sur la pupille des "replicants" que sont pratiqués les tests d'empathie. La dilatation de la pupille trahit les émotions, l'oeil ne peut mentir.
Dans le laboratoire, les "replicants" rencontrent le créateur de leurs yeux synthétiques. 
Tyrell possède un hibou, un animal qui ne voit que la nuit ... Leon est associé à une tortue, Zora à "son" serpent et Roy des colombes.

Star Wars
Quand Deckard arrive au Central de Police, on aperçoit le "Millenium Falcon"...

"Celui qui court sur le fil du rasoir"
En 1967, paraît "Do Androids Dream of Electric Sheep?" de l'écrivain de science-fiction Philip K. Dick, qui sera d’abord publié en France sous le titre "Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?", puis sous celui de "Blade Runner". 





mardi 20 avril 2010

THE NEW HOLLYWOOD ( VIII )

"La première fois que j'ai entendu parler de Spielberg, il faisait déjà partie du système. Pas la moindre goutte de rébellion en lui, se souvient le scénariste Matthew Robbins, devenu depuis un proche du réalisateur. Son cinéma était toujours très classique."
Comme Scorsese, Spielberg avait des tas de phobies : peur des ascenseurs, des montagnes russes, des avions. Si, d'aventure quelqu'un le regardait de travers, il se mettait à saigner du nez. Il avait peur de tout et de n'importe quoi. Il ne s'intéressait à rien à part les films. Ni à l'art, ni aux livres, ni à la musique, ni à la politique. Le scénariste Kit Carson tomba sur lui en 68 à une soirée, juste après la convention démocrate.
"Tout foutait le camp, la révolution était sur le point d'éclater, se souvient-il, et tout ce qui intéressait Spielberg, c'était de trouver un moyen de balancer une caméra du haut d'un building en l'accrochant à un gyroscope pour éviter qu'elle tourne dans tous les sens en tombant.
Je pensais que ce type était perdu dans l'ozone à la recherche de la quatrième dimension."
Après plusieurs années passées à travailler pour la télé, Spielberg rencontra Lucas, qui le conduisit dans le bureau de Coppola à la Warner : "J'ai vu que Francis était un type qui ne faisait pas de distinction entre les jeunes et les vieux, juste entre ceux qui avaient du talent et les autres, se souvient Spielberg. Il produisait les films de George, et être dans son cercle signifiait avoir une chance de tourner un film."
Spielberg réalisa Duel pour ABC. Il fut diffusé le 13 septembre 71 et fut très remarqué. Le producteur Don Simpson raconte : "Les médias encensaient ce jeune garçon qui avait fait Duel. Marty et Brian commentaient : "Ouais, ce qu'il a fait n'est pas si exceptionnel que ça." Il y avait de l'envie dans leur voix."


dimanche 18 avril 2010

FROM RUSSIA WITH LOVE - 1963


Can I borrow a match? I use a lighter. It's better still. Until they go wrong...

Lektor
C'est le meilleur 007.


La carte postale est fondatrice de la saga : La Russie. Guerre froide oblige. Mais Bond n'est pas en vacances, il doit résoudre les problèmes de Sa Majesté. Ambiance rapidement paranoïaque, typique de l'époque, l'histoire se fond avec l'Histoire, le film est un témoignage contemporain perpétuel et emblématique. L'URSS est secrète à l'époque et elle fascine le public. On sait peu de choses alors on imagine beaucoup...

And for my next miracle... 
De l'action, de l'efficacité, James part en mission avec son chapeau, je pense que c'est la seule fois où il quitte le bureau de Miss Moneypenny, résultat : 78 millions de dollars de recette dans le monde...

SMERSH (Смерть шпионам !)  
SPecial Executive for Counter-intelligence, Terrorism, Revenge and Extortion
Tous les symboles des premières aventures de Bond sont présents : déséquilibre géopolitique, KGB, poursuites, assaut et destruction de la base secrète...

Q (Major Algernon Boothroyd)     
C'est l'apparition des premiers gadgets et en particulier le surprenant attaché-case ainsi que le fusil à visée infra-rouge... 

Kronsteen 
"From Russia with Love" est un incroyable mélange de suspense, d'action, d'humour, de romantisme et d'espionnage dans un monde qui ressemble à une gigantesque partie d'Échecs dont les agents secrets sont les pions. 

Ian Fleming  
Le créateur fait un caméo dans un insert, c'est un paysan qui regarde passer l'Orient Express. Ce sera sa seule apparition de toue la saga.

Marnie 
Hitchcock tenait à réaliser ce film. Par frustration dû au refus des producteurs, il tourna à la place "Marnie" avec Sean Connery.

Venise
La femme sur le pont qui filme Bond et Tatiana est l'épouse du réalisateur Terence Young.

Bond.... James Bond 
C'est le seul film qui ne contient pas cette réplique !!! Mais c'est le Bond préféré de Sean Connery.



NOUVELLE VAGUE ( II )


Le succès de la Nouvelle Vague s'explique par une conjonction de facteurs économiques, politiques et esthétiques extrêmement divers : désagrégation de la IVe République et avènement d'un nouveau type de société : relâchement des moeurs et recul de la censure; système de "l'avance sur recette" bientôt accordée par le Centre National du Cinéma aux films "ouvrant des perspectives nouvelles à l'art cinématographique"; action concertée de quelques producteurs dynamiques (Pierre Braunberger, Georges de Beauregard, Anatole Dauman) soucieux d'échapper aux lois contraignantes du marché; extension des circuits "Art et Essai"; apparition d'une nouvelle génération d'acteurs, plus décontractés, moins marqués par la routine théâtrale (Brigitte Bardot, Jean-Paul Belmondo, Bernadette Lafont); en bref, rajeunissement des cadres à tous les niveaux.

Il faut enfin observer que la Nouvelle Vague s'inscrivait résolument en faux contre une tradition jugée routinière et néfaste du cinéma français, celle des Jean Delannoy, des Christian-Jaque, des Gilles Grangier, des scénaristes comme l'équipe Aurenche et Bost. 
Elle se reconnaît, en revanche, chez Jean Renoir, Robert Bresson et Jacques Tati. 
A partir de 1963, un reflux s'amorce et les ténors de la Nouvelle Vague s'assagissent. Les uns évoluent vers le classicisme (Truffaut, Rohmer), d'autres composent avec le système abhorré (Chabrol), d'autres se tournent vers le militantisme (Godard) ou le cinéma expérimental, d'autres enfin poursuivent leur route en solitaires (Malle, Franju, Resnais). Après 1968, on verra surgir une nouvelle "Nouvelle Vague", soit très politisée, soit au contraire s'évadant dans le divertissement et le "naturel": elle va de Jean Eustache à André Téchiné, de Maurice Pialat à Bertrand Tavernier, de Pascal Thomas à Jacques Doillon. Mais la conjoncture économique a changé et les années 70 ne favorisent guère l'éclosion de jeunes talents...


mardi 13 avril 2010

BIG BOSS - 1971

Bruce Lee effectue en janvier 1971 un voyage de repérage en Inde pour son projet "The Silent Flute", accompagné de ses deux associés l'acteur James Coburn et le scénariste Sterling Silliphant. Un voyage qui se révèle peu concluant, Bruce n'ayant pas trouvé les décors qui lui conviennent. Il accepte donc, par l'intermédiaire de la femme du metteur en scène de Hong Kong Lo Wei, la proposition de Raymond Chow, le maître de la Golden Harvest, de tourner " The Big Boss". Lee quitte Los Angeles pour Hong Kong le 12 juillet 1971 et à peine arrivé est mis dans le premier avion pour Bangkok : Raymond Chow craint que sa nouvelle vedette ne se fasse débaucher par les agents de la Shaw Brothers.
De Bangkok, l'acteur arrive à Pakchong où l'attend l'équipe. Dès les premiers jours de tournage, les problèmes s'accumulent. Même au New Wanchai, le meilleur hôtel de Pakchong où loge l'équipe, la nourriture est mauvaise et les moustiques insupportables.
Lee passe de 62 à 58 kilos en moins de dix jours. Il écrit à sa femme qu'il ne trouve pas de boeuf, très peu de volaille et de porc et qu'il est content d'avoir emporté des vitamines ! En lavant un verre, il se coupe gravement la main droite. Dix points de suture et un énorme pansement, visible à l'écran, en résultent. Les premiers rushes qui arrivent à Hong Kong sont catastrophiques. Raymond Chow prend la décision de renvoyer le réalisateur Wu Chia Hsiang, et dépêche Lo Wei en Thaïlande pour reprendre le tournage. L'acteur profite de l'intervalle pour arranger le scénario et étoffer son rôle et est loin d'imaginer le phénomène que va constituer le film...

Cinq années se sont écoulées depuis "The Green Hornet", et la façon de combattre à l'écran du Petit Dragon s'est considérablement modifiée, en suivant l'évolution de sa pratique personnelle, le Jeet Kune Do. Les coups de poing s'éloignent de l'escrime directe du Wing Chun pour s'approcher des crochets de la boxe anglaise. L'influence de Han Yingjie, le chorégraphe qui interprète également le rôle du méchant, s'avère elle aussi déterminante. Han Yingjie est avec Liu Chia-liang le plus grand chorégraphe des années 60. Le second représente les styles du sud, le premier les styles du nord. Han recycle des figures de styles peu réalistes mais très payantes sur le plan visuel, directement empruntées au sabre mandarin : l'image du héros entouré par un cercle d'ennemis, les coups donnés en apesanteur, les bottes secrètes relevant de la fantaisie martiale. Des éléments à priori peu compatibles avec les conceptions de Bruce Lee, mais l'alchimie va pourtant fonctionner. Les quatre jours prévus pour le combat final sont absolument épuisants. En plus de se fouler une cheville, Bruce attrape la grippe, ce qui oblige Han à renoncer à la chorégraphie élaborée qui devait conclure le combat. Il invente donc une fin rapide qui justifie que Bruce soit au sol : le lancer de couteau, renvoyé d'un coup de pied suivi par la perforation intercostale est trop gore et irréaliste aux yeux de Bruce mais physiquement, il n'est plus en mesure de proposer autre chose.

D'autres scènes d'intérieur vont être tournées à Hong Kong aux anciens studios de la Cathay rachetés par la Golden Harvest. Le 6 septembre, jour du Labour Day, Bruce quitte enfin Hong Kong. Il débarque à Los Angeles le lendemain et Lo Wei s'attaque au montage. La langue du film étant le mandarin, tous les dialogues de Lee sont post-synchronisés. 

Le montage est achevé en moins de six semaines et le film sort à Hong Kong le 31 octobre 1971.
Ce fut le premier film à rapporter 1 million de HKD en 2 jours et Bruce Lee stupéfiant le public accède au rang de star.

Excellent acteur, le Petit Dragon dégage un incroyable charisme : dès que les spectateurs virent ses premiers coups, le kung fu pian entra dans une nouvelle ère. On assiste à une explosion de violence dérangeante tellement Bruce massacre ses adversaires. Lee impose son style, ses cris, son corps, sa puissance, sa rapidité, sa maîtrise. 

Ce style félin est totalement inédit et reste aujourd'hui sans égal.






dimanche 11 avril 2010

AN AMERICAN IN PARIS - 1951

Quelqu'un frappe à la porte. Le dormeur se réveille, ouvre à peine la porte depuis son lit et prend à travers l'entrebâillement un petit sac en papier contenant des croissants. Puis il se lève, remonte le lit jusqu'au plafond en s'aidant de cordes, ouvre l'armoire, en retire une table et une chaise, cherche de la main gauche une tasse et un couteau dans un tiroir tout en prenant sa veste dans l'armoire de la main droite, il referme le tiroir avec son genou et se tourne vers la table. Voilà, le tour est joué, le petit déjeuner est prêt.
Cette merveilleuse scène d'ouverture nous montre que le peintre américain Jerry Mulligan vit quelque peu à l'étroit dans la capitale. Mais elle nous montre aussi que Gene Kelly, danseur exceptionnel et responsable de toute la chorégraphie du film, est capable de transformer les tâches quotidiennes en une fête du mouvement.


Jerry, resté à Paris après la Deuxième Guerre mondiale, peint mais parvient surtout à survivre grâce à l'argent qu'il emprunte auprès de ses amis, comme Adam, un pianiste qui n'a jamais pu encore se produire en public.

Le film est un conte de fées qui met entre parenthèses les contraintes de la vie de tous les jours.
Deux femmes entrent dans sa vie : Milo, qui s'intéresse à ses tableaux et veut protéger l'artiste sans le sou; et il y a Lise... Naturellement, Jerry va préférer Lise à Milo. Malheureusement, Lise a déjà un autre homme dans sa vie.

Tout le film est une fête, célébrée par Gene Kelly et Leslie Caron que Kelly avait découverte deux ans plus tôt dans un ballet des Champs-Elysées. Une fête en hommage au Paris de la bohème, à l'amour et à la musique.
Musique immortelle de George et Ira Gershwin. Kelly chante "I got rhythm" dans un merveilleux duo avec les enfants des rues de Paris, au cours duquel l'américain leur apprend l'anglais.
Le film est également une fête de la narration : Le film commence avec trois narrateurs qui nous introduisent dans l'histoire avec leurs commentaires en off.
Des séquences visionnaires sont insérées dans l'histoire, comme la fois où Adam rêve de donner son premier concert au cours duquel il ne se contente pas d'être assis à son piano et de diriger les autres musiciens, mais joue aussi de tous les instruments de musique.

A la fin, le film se détache définitivement de toute dramaturgie cinématographique connue pour conclure avec un ballet de 18 minutes tourné en stéréo dont la production coûta 500 000 dollars sur les 2,7 millions réservés au budget.

Accompagnés seulement par la musique, sans chansons ni dialogues, Kelly et Caron dansent un mélange de danse moderne et de ballet classique dans un Paris très stylisé s'inspirant du monde iconographique de peintres français comme Renoir, Degas, Utrillo et Toulouse-Lautrec. Grandiose !
Ayant été dessinateur et décorateur, Vincente Minnelli attachait une attention particulière aux décors de ses films.
La première eut lieu à New York le 4 octobre 1951.

Ce film a reçut 6 Oscars en 1952 : celui du meilleur scénario, du meilleur film, des meilleurs costumes, de la meilleure musique, de la meilleure image et de la meilleure direction artistique.

An American in California
Le film fut tourné dans les studios de la MGM, en Californie.
Au final, deux plans présentant la ville furent tournés à Paris.

Gene Kelly réalisa les scènes de danse qui introduisent Lisa, le personnage de Leslie Caron, ainsi que la séquence intitulée "Embraceable You".






vendredi 9 avril 2010

NOUVELLE VAGUE ( I )


"Nouvelle Vague" est une étiquette lancée en 1958, dans un article du magazine l'Express, par Françoise Giroud, pour qualifier un groupe de jeunes cinéaste français, débutant avec éclat, en marge des filières traditionnelles de la profession, sans qualification technique, parfois soutenus par des capitaux privés et employant des interprètes de leur âge, aucun n'ayant encore accédé à la notoriété.
Le terme fit fortune et s'appliqua bientôt à un nouveau style cinématographique, à base de désinvolture narrative, de dialogues provocants, d'amoralisme et de "collages" inattendus, dont le prototype sera A bout de souffle de Jean-Luc Godard. Le public s'enthousiasma, et en 1960 quarante-trois nouveaux auteurs tournaient leur premier film. Parmi eux, le noyau le plus actif venait de la critique, de l'hebdomadaire Arts et des turbulents Cahiers du Cinéma : outre Godard, on y trouvait François Truffaut, qui s'imposa d'emblée avec ses Quatre cents coups, Claude Chabrol, Jacques Rivette, Pierre Kast, Eric Rohmer... D'autres appartenaient à la génération précédente : bien qu'ils eussent déjà réalisé des films, de court ou long métrage, ils ne s'étaient pas compromis avec le "système"; ils furent donc reconnus comme des précurseurs : ainsi Roger Leenhardt, Jean-Pierre Melville, Georges Franju, Alexandre Astruc, Agnès Varda et surtout Alain Resnais, qui frappa un grand coup dès 1959 avec une oeuvre de conception et de facture révolutionnaires, Hiroshima mon amour.
D'autres encore rejoignirent le mouvement par accident ou par calcul, mais s'en détachèrent vite : c'est le cas de Louis Malle, de Jean-Pierre Mocky, de Marcel Camus, de Michel Drach, voire de Roger Vadim.
La mode aidant, les anciens les plus contestés se mirent de la partie, de Marcel Carné à Henri Decoin. Il faudrait ajouter encore les noms de Jean Rouch, ethnographe de talent, qui exerça une influence profonde sur le groupe; de l'écrivain et journaliste Chris Marker, au brio incassable; d'Armand Gatti, dramaturge; et de quelques outsiders qui se glissèrent dans la foulée et s'affirmèrent, plus ou moins glorieusement, par la suite : Jacques Rozier, Michel Deville, Jacques Demy, Philippe de Broca, Henri Colpi, Jean-Daniel Pollet...



mardi 6 avril 2010

DA VINCI MODE


1500 
Camera oscura de Leonardo da Vinci, utilisée par les peintres et les graveurs.
1660
Lanterne de projection de Thomas Walgenstein (lanterne magique).
1704
Travaux de Newton sur les principes de réfraction de la lumière.
1822
Nicéphore Niépce invente la photographie.
1832
Joseph Plateau invente le Phénakistiscope.
C'est un disque rond en carton percé de fentes sur lequel les différentes étapes d'un mouvement sont recomposées.
1834
William George Horner invente le Zootrope.
Le Zootrope est un tambour percé de fentes. Des images, décomposant un mouvement, sont disposées entre ces dernières. Au centre, une poignée permettait de tenir ce jouet. Lorsque l'on regarde par les fentes tout en faisant tourner l'appareil à une certaine vitesse, le mouvement se recompose, créant ainsi une illusion quasi-parfaite.
1837
Jacques Daguerre invente le Daguerréoype qui fixe les images sur une plaque de cuivre argentée.
1846
Fox-Talbot invente le négatif.
1877
Emile Raynaud invente le Praxinoscope.
1884
Eastman emploie la pellicule (stripping film).
1887
Pellicule en celluloïd.
1888
Thomas Edison construit un phonographe optique et Emile Raynaud dépose le brevet du Théatre Optique.
1891
Le 13 février, Brevet déposé par Louis Lumière pour un "appareil servant à l'obtention et à la vision des épreuves chronophotographiques"
1895
Le 15 mars, projection à la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale de "La sortie des usines Lumière" rue de Rennes à Paris. Le film présenté se déroule à Lyon et constitue le premier film de l'histoire du Cinéma.
Le 28 décembre, première séance cinématographique publique dans le Salon Indien du Grand Café, boulevard des Capucines à Paris.
33 spectateurs sont présents dans la salle pour assister médusés à la diffusion d'une dizaine de courts-métrages dont "La sortie des usines Lumière", "L'arroseur arrosé" et "L'arrivée d'un train en gare de la Ciotat"
Ils ont payé 1,02 Francs.





samedi 3 avril 2010

THE NEW HOLLYWOOD ( VII )


Scorsese meets De Niro
Scorsese rencontra De Niro à un dîner. Au détour de la conversation, ils découvrirent qu'ils avaient grandi à quelques pâtés de maisons l'un de l'autre. Ils sympathisèrent immédiatement. De Niro, qui prenait son job d'acteur très au sérieux, ne sortait pas et était peu loquace. Il était timide à un point tel qu'il lui était difficile de trouver du boulot. 
"Vous ne risquiez pas de le retrouver au poste de police" se rappelle la directrice de casting Nessa Hyans, parlant de lui comme elle le ferait d'un bon élève. De Niro lut "Mean Streets" et accepta le rôle de Johnny Boy. Harvey Keitel jouerait Charlie, un personnage à l'image de Scorsese, partagé entre l'Église et la mafia.
La plupart des intérieurs furent tournés à L.A à l'automne 72. "Pour faire Mean Streets, j'ai dû apprendre comment on faisait concrètement un film, raconte Scorsese. On ne m'avait pas appris à faire des films à l'école de cinéma. Ce que l'on vous y enseigne, c'est à vous exprimer avec des images et du son. Mais faire un film est totalement différent. Ce qui compte, ce sont les gens et le calendrier de tournage. Ça veut dire que vous allez devoir vous lever à 5 heures pour être là. Il faut que ça tourne."
Après une première projection de "Mean Streets", De Niro, Scorsese, sa petite amie et quelques autres se retrouvèrent au restaurant pour ce qui devait être un débriefing. Mais De Niro et Scorsese disparurent aux toilettes et y discutèrent du film pendant deux heures et demie. Seuls. La petite amie de Scorsese raconta la suite: "Ce que Marty et De Niro faisaient ensemble, ils le faisaient en privé. Aucune femme n'était acceptée." 


Après avoir fini la postproduction de "Mean Streets", Scorsese s'envola pour montrer une copie du film à Coppola.
"C'est comme ça que Coppola a vu De Niro, rapporta Scorsese.
Immédiatement, il le mit dans "The Godfather part II"...





THE NEW HOLLYWOOD ( VI )

Le documentaire "Woodstock", réalisé par Michael Wadleigh en 69, fut un tel hit pour Warner que, peu après, le studio engagea des rockers hippies pour parcourir le pays et donner des concerts tandis qu'une équipe filmerait leurs pérégrinations.
Martin Scorsese, déjà célèbre pour sa connaissance encyclopédique du cinéma et sa propension à parler avec le débit d'une mitraillette, fut convoqué pour monter le film qui en résulta : "Medecine Caravan Ball".
Petit, cheveux longs, Scorsese arriva de New York en janvier 71 et eut immédiatement un choc culturel. Du coup, son asthme empirait. Il passait son temps à perdre du poids et à en regagner à cause des médicaments qu'il prenait. Ne dormant pas beaucoup, il passait ses nuits à parler de films et de musique.

Eleven
Scorsese était bourré de phobies et commença à consulter un thérapeute. Il détestait prendre l'avion, serrant à chaque décollage et atterrissage un crucifix dans son poing jusqu'à ce que ses articulations blanchissent. Il était assailli de superstitions, curieux mélange de catholicisme, de rêves et de signes en tout genre.
Il avait un chiffre porte-malheur, le 11. Si, d'aventure, en additionnant les chiffres de sa place de parking, il obtenait 11, il la contournait. Il était hors de question pour lui de voyager le 11 du mois, de prendre un vol avec le chiffre 11 ou de prendre une chambre au 11ème étage d'un hôtel. Il possédait une amulette en or pour détourner les esprits maléfiques et portait sur lui une enveloppe de cuir remplie de grigris.

En mai 71, Roger Corman donna à Scorsese l'occasion de réaliser "Boxcar Bertha". Scorsese avait honte du film. Il le montra un jour à John Cassavetes qui lui dit : "Bon boulot, mais ne t'avise pas de refaire un putain de truc comme ça ! "




THE APARTMENT - 1960


"You see, I have this little problem with my apartment."

C’est un homme ordonné, poli, qui arrive toujours à l’heure. 
Quand il rentre chez lui après le travail, il aère le salon, fait la vaisselle et range les bouteilles.
Pourtant cela ne lui ressemble pas de laisser son appartement sans le ranger : En effet, Baxter est comptable à la « Consolidated », une importante compagnie d’assurances à NYC. Et sa manière à lui de grimper les échelons, c’est de laisser ses clés aux cadres de la société qui y rencontrent leurs petites amies.

Il aidera ainsi plusieurs chefs de service et finalement le chef du personnel à goûter pleinement leurs aventures extraconjugales.
La seule chose que Baxter n’a pas prévu c’est que ses sentiments pourraient lui jouer des tours en tombant amoureux justement de la maîtresse du chef du personnel…


Baxter, c’est le gentil garçon que l’on voudrait protéger, un grand enfant ravi de son avancement et de son chapeau melon. Un homme qui, dans sa bonté sans limites, prend sur lui les vilénies des autres et qu’il est impossible de mal juger même s’il pactise avec les méchants.

« The apartment » n’est pas seulement une histoire sur les bons et les méchants mais aussi une satire sans virulence du monde du travail moderne, de l’hypocrisie et l’ambition acharnée. 
Le premier travelling de caméra dans le bureau paysager montre des gens assis à leurs bureaux comme des poulets de batterie. L’anonymat le plus complet règne en ces lieux et c’est pour en sortir que Baxter accepte de faire des choses qu’il rejette de tout cœur. Le message moral du film ne gâte en rien le charme et la drôlerie du film.


« The apartment » a capturé des images singulières de l’Amérique au début des années 60 : l’immense bureau où les employés humains semblent totalement subordonnés aux mécanismes déshumanisants du conformisme et de l’efficacité.

Oscars
Le film, qui a remporté l'Oscar du meilleur film, fait référence à deux films ayant aussi remporté la fameuse récompense. Tout d'abord Grand Hôtel, le film que tente de regarder C.C. Baxter à la télévision mais dont la diffusion est sans cesse retardé par la publicité, et enfin « The lost weekend », film qui a permis à Billy Wilder de remporter son premier Oscar du meilleur film, quand le patron de Baxter dit que Fran et Baxter ont perdu un week-end dans l'appartement de ce dernier…

Black and White
Si on excepte « Schindler's List »  en 1994, « The apartment » est le dernier film en noir et blanc à avoir remporté l'Oscar du meilleur film.

Shut up and deal
Comme le fameux "Nobody's perfect" de « Some like it hot », la dernière réplique du film "Shut up and deal" a été écrite à la dernière minute lors du tournage.



mardi 30 mars 2010

LES YEUX SANS VISAGE - 1960





S'il existe dans le cinéma français une tradition bien ancrée du merveilleux, de Méliès à Cocteau, on ne peut guère citer de grands auteurs se réclamant du fantastique en dehors de Georges Franju.

Rigueur d'écriture, fluidité narrative, attachement aux décors et aux objets, film d'inspiration expressionniste, on bascule tout à coup dans le plus glacial réalisme.
Nulle complaisance dans l'horreur, mais un figement dans la forme, proche de la catalepsie.

La magie du film doit beaucoup au chef opérateur Eugen Schufftan, l'un des grands maîtres du "noir et blanc".

Peur primale
Le parcours de la peur se déroule exclusivement sur les visages. 
Le visage qui a peur est également celui qui fait peur.
Franju pose ici l'équation : La peur primale, est-ce avoir peur de la peur ?


samedi 13 mars 2010

THE NEW HOLLYWOOD ( V )





"American Graffiti" fut projeté en avant-première à San Francisco le 28 janvier 73. Convaincu que la salle était bourrée d'amis personnels de Lucas, Ned Tanen, responsable de la production pour Universal, refusa de tenir compte des réactions enthousiastes du public. Il prit à partie un des producteurs et lui dit : "Le film n'est pas prêt à sortir en salles. Tu aurais d'abord dû nous le montrer. Je me suis battu pour toi, et toi, tu m'as laissé tomber". Se retournant vers Coppola, qui produisait aussi le film, il lui dit, furieux : "Je suis très emmerdé. On a pas mal de boulot à faire. - De quoi parles-tu ?, demanda Coppola tremblant de colère. Tu n'as pas entendu et vu ce qu'on a vu et entendu ? Et les rires ? - J'ai pris des notes, répondit Tanen. On verra si on peut le sortir en salles. - Tu verras si tu peux le sortir ?, gronda Coppola, apoplectique. Tu devrais plutôt te mettre à genoux et remercier George d'avoir sauvé ton boulot. Ce gosse s'est crevé pour faire ce film pour toi. Et il l'a fini dans les temps et sans dépassement de budget. Le moins que tu puisses faire serait de le remercier."

Coppola se souvient d'avoir sorti son chéquier et offert d'acheter le film sur-le-champ à Universal, tout en lançant : "Si tu détestes le film tant que ça, laisse-le partir, on ira chez quelqu'un d'autre, et tu récupéreras ton fric."

"American Graffiti" sortit en salles le 1er août 73.
Il explosa tous les records et rassembla 55 millions de dollars au box-office.
Le film avait seulement coûté 775 000 dollars, plus 500 000 supplémentaires pour payer l’impression des copies et la promotion, soit un retour sur investissement de 4 300 %.

Lucas se fit à peu près 7 millions sur le film, ou 4 millions après impôts. Pendant des années, les Lucas avaient vécu avec 20 000 dollars au mieux par an. Pour Lucas cependant, malgré le radical changement de style de vie, le verre n’était qu’à moitié vide. Lucas voulait toujours être respecté en tant qu’artiste comme Coppola et Scorsese. Il dit un jour à William Friedkin qu’American Graffiti était une version américaine de « I Vitelloni » de Fellini.
Il se demandait pourquoi aucun critique américain ne l’avait relevé.
Friedkin pensa : « Mon Dieu, il croit vraiment avoir fait ça. Quel prétentieux ! »


OUR MAN FLINT - 1965


ZOWIE

Au siège du Zonal Organization World Intelligence Espionage, le conseiller du Président des Etats-Unis d’Amérique a rassemblé les représentants de toutes les nations du monde afin de leur faire part de la gravité de la situation :
Des catastrophes climatiques demeurent inexpliquées. Ces déferlements de cyclones, avalanches, éruptions volcaniques ne seraient pas naturels mais provoqués par une mystérieuse organisation qui serait parvenue à contrôler le temps…
Les agents secrets du monde entier sont incapables de trouver la moindre piste.
Et comme 008 est déjà en mission, personne n’est capable d’assumer la situation.

FLINT
Que faire ? Il faut se résoudre à contacter Flint…
Flint est le plus grand espion de tous les temps mais il a démissionné.
Maître d’armes et karatéka, il arrive qu’il s’occupe de la chorégraphie du ballet du Bolchoï…
Médecin et scientifique, il fabrique ses gadgets, jugeant ceux de la C.I.A trop ridicules.
Parlant une vingtaine de langues, il a inventé son propre code de décryptage indéchiffrable puisque basé sur ses futurs paris de courses de chevaux !
Possédant une connaissance très poussée du yoga, il peut se mettre en catalepsie.
Il peut communiquer avec certains animaux.
Toutes les femmes sont folles de lui et vit d’ailleurs avec une américaine, une japonaise, une italienne et une française.

Avec Derek Flint, nous sommes dans le registre de la parodie jubilatoire et qui d’autre que James Coburn pouvait incarner cet agent secret malicieux.

Flint symbolise l'excès : Il abolie les frontières de la crédibilité.

007
1962 : « Dr No » révolutionne le film d'espionnage.
En France et en Italie, les agents secrets débarquent avec plus ou moins de succès, souvent moins.
En deux occasions, le film évoque ouvertement James Bond.
Une première fois dans le bistrot marseillais où Flint recueille des informations de la part de 008 qui lui glisse le nom de Galaxy, précisant que le Spectre n'était pas assez bon pour mettre en œuvre un tel plan. Et lorsque Gila est en train de lire un bouquin intitulé «The Adventures of 008 »...

Marseille
Qui d’autre que Flint pourrait faire le lien avec une fléchette contenant du curare...
et la recette de la bouillabaisse ?!!
Personne, et il file à Marseille goûter toutes les bouillabaisses dans les restaurants jusqu'à retrouver celle qui correspond au dosage utilisé en ail, safran et fenouil, ingrédients retrouvés sur la fléchette..
C'est là qu'il va rencontrer Hans Grüber, un ex-nazi et démanteler toute l’organisation pour sauver le monde tranquillement en toute décontraction.

dimanche 14 février 2010

THIS PROPERTY IS CONDEMNED - 1966

Le Mississipi dans les années 30.

Alva est convoitée par tous les cheminots de la région. Elle rêve du Prince Charmant et celui-ci se présente en la personne d’un envoyé de la Compagnie des chemins de fers, Owen, chargé de procéder à des mesures de licenciements. Alors même que tous les siens le rejettent, elle se donne à lui, par défi. Sa mère réussit à la marier, contre son gré. Elle s’enfuit le lendemain des noces et rejoint Owen à la Nouvelle-Orléans. Leur bonheur sera de courte durée…

Tiré d’une pièce de Tennessee Williams, ce film confirmait les talents conjugués d’un scénariste, Francis Ford Coppola, d’un acteur, Robert Redford, et surtout d’un metteur en scène, Sydney Pollack, qui tous allaient marquer de leur empreinte les années 70.

Sous l’apparence d’une banale Love Story Sudiste, ce splendide mélodrame ouvrait une ère nouvelle du romantisme hollywoodien.

Sydney Pollack n’a pas son pareil pour décrire les élans romantiques à fleur de peau sur fond de crise sociale.

Natalie Wood racontant ses rêves, s’inventant un monde parfait ou courant à perdre haleine vers son amant dans les rues de la Nouvelle-Orléans, c’est le triomphe du cœur sur les compromissions de l’existence.

C’est le premier film de Pollack dans lequel il décrit l’Amérique d’aujourd’hui en la filmant au passé.

samedi 13 février 2010

THE NEW HOLLYWOOD ( IV )

American Graffiti

Après THX 1138, Lucas était à la croisée des chemins. Coppola lui conseilla " Ne sois pas si bizarre, essaie de faire quelque chose d'humain. Tu ne fais que de la science fiction. Tout le monde pense que tu es un poisson froid. Fais un film chaleureux et drôle." Marcia lui disait exactement la même chose. Coppola ne voulait faire que des films abstraits parce qu'il pensait que c'était trop facile de réaliser des films émouvants.
Finalement, il dit à Marcia : "Je vais te montrer comme c'est facile.
Je vais faire un film qui va faire appel aux émotions du public".
Lucas s'était aperçu que Hollywood laissait de côté un public lassé de ce flot ininterrompu de sexe, de violence et de pessimisme distillé par la Nouvelle Vague du New Hollywood."
Avant American Graffiti, je travaillais avant tout sur des films négatifs. Je me suis rendu compte que les années 60 avaient effacé tout l'héritage de la période qui a suivi la seconde guerre mondiale. Maintenant, on s'asseyait dans un coin et on prenait de la drogue. Je voulais préserver ce qu'avait été l'adolescence pour une certaine génération d'Américains entre environ 45 et 62."

Le film fut tourné en 28 jours. La direction d'acteurs était quelque chose qui inquiétait Lucas. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il fallait leur dire. Il finit par engager un répétiteur de théâtre pour travailler avec eux pendant que lui se planquait derrière sa caméra. Verna Fields monta le film avec les Lucas dans le garage d'une des maisons de Coppola dans la Mill Valley. Sur la table de mixage, Coppola avait scotché des photocopies des chèques de plusieurs millions de dollars envoyés par Paramount après la sortie du Parrain.

dimanche 31 janvier 2010

A BOUT DE SOUFFLE - 1959


« A Bout De Souffle » fait table rase de la psychologie, de la sociologie, de la logique, de la morale et bien sûr, du cinéma traditionnel.

Scarface…
Le ton alerte du récit, la décontraction des personnages, les private jokes, les impros, les tournages à la sauvette en prise directe sur l’événement, une caméra dissimulée aux regards, tout cela donne une impression de renouveau complet de matière et de manière filmiques.
Le producteur trouvant le film trop long, Godard eut l’idée de modifier son montage en coupant dans chaque séquence, gommant les temps morts, escamotant les transitions. D’où ce ton syncopé, électrisant.

"I don't know if I am unhappy because I am not free, or I am not free because I am unhappy"...
Avec « A bout de souffle », Godard se joue des firmes américaines et viole librement le code Hayes, code d'autocensure en vigueur à Hollywood jusqu'en 1966 et montre des gros plans de lèvres qui se joignent ou encore une tâche de sang évoluer dans le dos de Michel.
Contre-indication absolue au cinéma, le long monologue face caméra se termine par un superbe
« allez vous faire foutre », ceci matérialise l’indifférence définitive des artistes de la « Nouvelle Vague ».
On ose tout, quitte à ne pas plaire.

Film noir
Le film est dédié à la « Monogram Pictures », firme américaine spécialisée dans la production de films « noirs ». Les signes distinctifs s’accumulent sur différents modes : Allusions, citations, hommages, emprunts :
Présence d’affiches de films avec Palance et Bogart, de salles de cinéma, du cinéaste Melville, bandes son ("Whirpool" de Preminger et "Westbound" de Boeticher), private joke ( Poiccard refuse d'acheter « Les cahiers du cinéma »), gestes et imitations de Bogart.

« Entre le chagrin et le néant, je choisis le chagrin »
Patricia : « Quel est le pays le plus intelligent du monde ? » Parvulesco : « La France. » Patricia : « Est-ce que vous aimez Brahms ? » Parvulesco : « Comme tout le monde, pas du tout. » Patricia : « Et Chopin ? » Parvulesco : « Dégueulasse. » Patricia : « Quelle est votre plus grande ambition dans la vie ? » Parvulesco : « Devenir immortel. Et puis, mourir. »

Chambre 12, Hôtel de Suède
Des Champs Elysées à Montparnasse, la chambre 12 de l’Hôtel de Suède à Saint-Michel reste toutefois l’épicentre : Scènes de théâtre, scènes d’amour, scènes de ménage, ce lieu est l’emblème du film.

Fait divers
François Truffaut s'est inspiré d'un fait divers l'ayant marqué pour proposer le sujet à Jean-Luc Godard. A partir de cette histoire, Godard a tissé un scénario alliant un récit éclaté, un regard quasi-documentaire sur Paris.

Jazz
Pour la musique, Godard fait appel à Martial Solal.

Paris
« A Bout De Souffle » est un guide jubilatoire du savoir-vivre Parisien :
Quand un passant demande du feu à Belmondo, il ne lui prête pas son briquet, il lui donne de l’argent pour aller s’acheter une boîte d’allumettes. Quand il prend un taxi, il lui hurle dessus quand une voiture moins rapide passe devant. Pour un rendez vous avec son amie, il vole une décapotable américaine 5 minutes avant, prétextant que son coupé est en panne…

Film tourné en muet
Le film est tourné en muet le plus souvent caméra à la main et avec un minimum d'éclairage.
Le choix de tourner en muet, était contradictoire avec les principes esthétiques des cinéastes de la « Nouvelle Vague » qui deviendront, dès 1962, quand l'évolution des outils le permettra, de fervents adeptes du son direct.
Le Nagra, premier magnétophone portable, existe depuis 1958, mais il était encore difficile, sinon impossible, de tourner en décor naturel et en son synchrone, en 1959 à cause de l'encombrement des caméras 35 mm. Les seules caméras qui pouvaient permettre de tourner en son synchrone étaient de grosses caméras de 80 kilos avec lesquelles il était impossible de travailler à la main.
Les cinéastes de la « Nouvelle Vague » utilisent presque tous la caméra fabriquée par Coutant-Mathot depuis 1947, la Cameflex, caméra légère et peu encombrante mais très bruyante qui rendait à peu près impossible toute prise de son directe.

Film tourné sans éclairages additionnels
Il existait déjà une pellicule noir et blanc ultra rapide par rapport aux normes de l'époque, la Gevaert 36 dont l'esthétique préfigure celle de la « Nouvelle Vague ».
Godard décide d'utiliser cette pellicule pour les scènes de jour et trouve une pellicule encore plus sensible pour les scènes de nuit.
Il sait que les reporters utilisent des pellicules noir et blanc plus sensibles que les pellicules cinéma.
Coutard lui parle ainsi de l'Illford HPS fabrique en Angleterre. Mais la HPS n'existe pas en pellicule cinéma, seulement en petits rouleaux de 17,50 mètres. Godard décide de les coller pour obtenir des bobines films et d'utiliser la caméra dont les perforations se rapprochent le plus de celles du Leica qui se trouve heureusement être la Cameflex.
Godard obtient, en plus, que ses pellicules soient développées avec un révélateur spécial qui double la sensibilité de l'émulsion. Les laboratoires GTC de Joinville possèdent heureusement une machine supplémentaire désaffectée qu'ils acceptent d'utiliser pour Godard.

La technique de reportage est totalement acceptée par Coutard, ancien reporter de guerre, opérateur de films produits par Beauregard et qui n'a pas de compte à rendre avec la corporation et accepte de tourner le mieux possible dans des appartements de fortune poussant parfois seulement l'éclairage d'origine.
Pas de pied de caméra ou de pied de projecteurs mais travelling soit sur les Champs Elysées avec un tricycle de facteur camouflé pour passer inaperçu soit lorsque les intérieurs sont suffisamment lisses, avec un fauteuil de paralytique qu'il pousse parfois lui-même. Travelling en 2CV sur le sol pourtant pavé lors de la dernière scène.

Tourné en 21 jours utiles entre le 17 août et le 19 septembre 1959
Le film est tourné au jour le jour mais sans improvisation, Godard remettant le texte au dernier moment le faisant évoluer au jour le jour.

Censure
Le 2 décembre 1959, la commission de censure interdit le film au moins de 18 ans. L'interdiction sera levée en 1975. « Tout dans le comportement de ce jeune garçon, précise le rapport, son influence croissante sur la jeune fille, la nature du dialogue, contre-indique la projection de ce film devant des mineurs ». Une coupure est demandée, celle qui montre les présidents Eisenhower et De Gaulle remontant en voiture les Champs-Elysées. La commission a toujours jugé inopportune, la représentation dans les films, de chefs d'état ou de chefs de gouvernement en fonction.
Le film sort le 16 mars 1960 dans quatre salles grand public et connaît un succès public immédiat malgré l'interdiction aux moins de dix-huit ans pénalisante.

lundi 25 janvier 2010

THE PRESTIGE - 2006



La structure de « The Prestige » confirme les prédestinations de Nolan à l’écriture d’intrigues bafouant la continuité temporelle.
Comme si cela ne suffisait pas de remettre le puzzle en place, on ne comprend pas les tours de magie. Défilent des tours de fête foraine ou des tours de science-fiction extraordinaires, on ne trouve pas l’explication et c'est magique ou on comprend trop bien et c'est tragique ...
Et puis, on s’aperçoit que les magiciens se manipulent eux-mêmes. C’est grandiose. On assiste à la représentation d’un grand magicien, mais c’est un autre magicien qui le fait disparaître ! parce que ce dernier donnait son spectacle en face et ça le dérangeait, quoi de plus magique.
Ils n’hésitent pas à se mettre en danger en utilisant les technologies naissantes, tout est bon pour être le premier, mais à quel prix ...
Tout les oppose : Robert Angier possède un don pour la mise en scène, Alfred Borden maîtrise vraiment la magie. Donc ils sont rivaux de par leur jeu, leur avidité mais ils sont également les deux facettes complémentaires de la même personne.
Il faut savoir que ce type de compétition entre magiciens a vraiment existé. A une époque, il pouvait y avoir à Londres jusqu'à cinq ou six magiciens qui se produisaient dans plusieurs théâtres, le même soir et cette époque est unique dans l'histoire de la magie.
Ce qui devient fabuleux, c'est qu'il s'agissait donc de l’époque où le cinéma naissant et la magie avaient beaucoup en commun. Et là où ça devient carrément dingue, c’est que Nolan y a donné encore une lecture supplémentaire : En effet, « The Prestige » ne se contente pas d’être un film sur la rivalité et la quête de domination de deux magiciens, mais également un procès catégorique porté sur le cinéma hollywoodien producteur de films qui ne cessent de se copier… ! Le dernier plan du film démontre toute la subtilité de la construction et de ces différentes lectures voulues par Nolan.

« The Sting »
C’est un film implacable, rusé. Une parabole sur l’ambition et le pouvoir. Sur la manipulation.
Le franchissement de la frontière entre ce qui est truqué et réel, accéléré par un événement tragique, permet d’explorer la face cachée des apparences lorsqu’on cherche à repousser les limites de la magie et de l'illusion au détriment de l’être humain.

Prestigieux
Enchaînement des séquences, fluidité, images subliminales, codes chéris du film noir, habileté et virtuosité habituelles du « Dark Knight ».. ! Un autre miracle entre 2 « Gotham Movies ».

Mankiewicz et Caine
Michael Caine apparaît comme le lien adéquat et on pense à « Sleuth » et ses multiples retournements de situation. C’est encore un double clin d’œil (Mankiewicz /Bale) : Même au second plan, on ne voit que Caine. En définitive, c’est lui qui contrôle tout.

La promesse, le revirement et le prestige
Le titre, « The Prestige », renvoie dans le film au dernier acte d'un tour de magie.
En effet, chaque tour est composé de trois actes :
« la promesse » présente au public une situation banale,
« le revirement » montre la situation de départ devenant extraordinaire,
« le prestige » présente l'aspect le plus spectaculaire du tour.

L'époque victorienne
« The Prestige » se déroule à l'époque victorienne, une période très riche en découvertes technologiques et scientifiques.
L'éclairage du film a été directement inspiré des progrès technologiques de l'époque.
Des scènes ont été éclairées à la bougie et à la lampe à huile, puis l'électricité a été introduite de manière éclatante et certains lieux ont même été éclairés à la lampe électrique.

Les décors
Pour créer l'atelier d'Alfred Borden, Nathan Crowley s'est inspiré de l'atelier du magicien Houdini.

David Bowie
Le personnage de Tesla a réellement existé.
Inventeur passionné et homme de science, Tesla a immigré aux Etats Unis et s'est imposé comme un Léonard de Vinci contemporain. On lui doit notamment la découverte du champ magnétique rotatif indispensable pour tout dispositif utilisant le courant alternatif, ainsi que la bobine de Tesla, engin à induction qu'on emploie couramment en radio.
Sa rivalité avec Thomas Edison, rappelle la rivalité qui existe entre Borden et Angier.
Décidément…