Le succès de la Nouvelle Vague s'explique par une conjonction de facteurs économiques, politiques et esthétiques extrêmement divers : désagrégation de la IVe République et avènement d'un nouveau type de société : relâchement des moeurs et recul de la censure; système de "l'avance sur recette" bientôt accordée par le Centre National du Cinéma aux films "ouvrant des perspectives nouvelles à l'art cinématographique"; action concertée de quelques producteurs dynamiques (Pierre Braunberger, Georges de Beauregard, Anatole Dauman) soucieux d'échapper aux lois contraignantes du marché; extension des circuits "Art et Essai"; apparition d'une nouvelle génération d'acteurs, plus décontractés, moins marqués par la routine théâtrale (Brigitte Bardot, Jean-Paul Belmondo, Bernadette Lafont); en bref, rajeunissement des cadres à tous les niveaux.
Il faut enfin observer que la Nouvelle Vague s'inscrivait résolument en faux contre une tradition jugée routinière et néfaste du cinéma français, celle des Jean Delannoy, des Christian-Jaque, des Gilles Grangier, des scénaristes comme l'équipe Aurenche et Bost.
Elle se reconnaît, en revanche, chez Jean Renoir, Robert Bresson et Jacques Tati.
A partir de 1963, un reflux s'amorce et les ténors de la Nouvelle Vague s'assagissent. Les uns évoluent vers le classicisme (Truffaut, Rohmer), d'autres composent avec le système abhorré (Chabrol), d'autres se tournent vers le militantisme (Godard) ou le cinéma expérimental, d'autres enfin poursuivent leur route en solitaires (Malle, Franju, Resnais). Après 1968, on verra surgir une nouvelle "Nouvelle Vague", soit très politisée, soit au contraire s'évadant dans le divertissement et le "naturel": elle va de Jean Eustache à André Téchiné, de Maurice Pialat à Bertrand Tavernier, de Pascal Thomas à Jacques Doillon. Mais la conjoncture économique a changé et les années 70 ne favorisent guère l'éclosion de jeunes talents...
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