vendredi 8 janvier 2010

THE NEW HOLLYWOOD ( III )



La Genèse du "Parrain"

Au Printemps 68, Paramount prit une option sur un manuscrit de 150 pages de Mario Puzo provisoirement intitulé "Mafia".
Quand Universal proposa de racheter les droits à Paramount pour un million de dollars, Bob Evans décida de mettre en route le projet.
Beaucoup de réalisateurs, Peter Bogdanovich inclus, refusèrent. Après examen des différentes possibilités, les producteurs conclurent qu'il leur fallait un Italien "pour sentir les spaghettis". Peter Bart mentionna le nom de Coppola.
"C'est encore un de tes trucs ésotériques de merde" lança Evans. Plus tard, il lui dit d'appeler Coppola. Bart eut plus de mal à convaincre Coppola. Le Parrain était d'un genre démodé. Il se considérait au-dessus de ça. Bart insista : "Francis, ça pourrait bien être un film commercial. Tu serais complètement irresponsable de ne pas le faire." Les 300 000 dollars qu'il devait à Warner pesaient lourdement sur ses épaules. Au moment où Paramount fit son offre, Coppola travaillait avec Lucas en salle de montage sur THX. Attendant qu'Evans prenne son appel, Coppola se tourna vers son ami : "Je dois le faire ? - Je ne crois pas que tu aies vraiment le choix. Warner veut récupérer son fric. Le plus important est de survivre", lui répondit Lucas.
Le lendemain du jour où Paramount embaucha Coppola - c'était en 70 -, le réalisateur et sa famille embarquèrent pour une croisière vers l'Europe avec seulement 400 dollars et la carte de crédit de son agent. Il réquisitionna le bar et désintégra le roman en le balançant page après page par le hublot. A son retour, les producteurs découvrirent que Coppola n'était pas aussi accommodant que prévu. Pour son film, il tenait à garder le décor des années 40, exigeait de tourner à New York et insistait pour augmenter le budget. Parfois, quand Coppola finissait une conversation téléphonique avec Evans, le combiné terminait sa course, pulvérisé sous les coups du réalisateur. Coppola n'avait rien à foutre des têtes d'affiche. Evans, si; et plus le budget du film grossissait, plus il s'en préoccupait.
D'après James Caan, Coppola le voulait pour le rôle de Sony Corleone et souhaitait Robert Duvall pour Hagen et Pacino pour Michael. Pacino, inconnu et petit, était une abomination pour Evans. Bludhorn, président de Paramount, l'appelait le "nain italien".
Lucas conseilla Coppola : "N'essaie pas d'en faire un film personnel. Ferme les yeux pour cette fois, laisse-les faire. Essaie un peu de battre le diable au poker, tu finiras écrasé et tu n'auras pas le fric dont tu as besoin pour faire nos films."
A l'automne 70, Coppola rencontra Scorsese au Festival de Sorrente. Tout le monde disait que Francis ressemblait au grand frère de Martin. Ils devinrent amis. Coppola dînait fréquemment à la table des parents de Scorsese, dans Little Italy. "La voix de mon père fut enregistrée pour préparer les accents, raconta Scorsese. Ma mère passait son temps à lui suggérer des noms pour son casting. Un soir, à dîner, elle lui dit qu'elle voulait voir Richard Conte dans le film, et il le sélectionna. Une autre fois, elle lui demanda combien de temps devait durer le tournage, il répondit cent jours. C'est pas assez, jugea t-elle. J'ai dû l'interrompre en lui disant de ne pas le terroriser."
Jusqu'à la fin, Coppola fut persuadé qu'il faisait un flop. Il vivait dans la petite chambre de bonne de James Caan à Los Angeles et envoyait ses émoluments à sa famille. Un jour, il sortit voir le French Connection de Friedkin. A la sortie, son assistant commenta avec enthousiasme le film. Coppola ajouta : "Bon, je suppose que je me suis planté. J'ai transformé un roman populaire, salace et fort en un groupe de mecs qui discutent assis dans le noir. - Oui, tu dois avoir raison." répondit son camarade.
En janvier 73, dix mois après sa sortie, Le Parrain devint le plus gros succès de tous les temps.
De retour à San Francisco, Coppola se mit à recevoir des chèques à six chiffres de Paramount.
"J'étais l'une des premières personnes à devenir riche du jour au lendemain", dit-il. Il se mit à s'imaginer en Don Corleone. Il alla même jusqu'à faire imprimer des boîtes d'allumettes avec l'inscription : "Francis Ford Coppola, le Parrain".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire