samedi 13 mars 2010

THE NEW HOLLYWOOD ( V )





"American Graffiti" fut projeté en avant-première à San Francisco le 28 janvier 73. Convaincu que la salle était bourrée d'amis personnels de Lucas, Ned Tanen, responsable de la production pour Universal, refusa de tenir compte des réactions enthousiastes du public. Il prit à partie un des producteurs et lui dit : "Le film n'est pas prêt à sortir en salles. Tu aurais d'abord dû nous le montrer. Je me suis battu pour toi, et toi, tu m'as laissé tomber". Se retournant vers Coppola, qui produisait aussi le film, il lui dit, furieux : "Je suis très emmerdé. On a pas mal de boulot à faire. - De quoi parles-tu ?, demanda Coppola tremblant de colère. Tu n'as pas entendu et vu ce qu'on a vu et entendu ? Et les rires ? - J'ai pris des notes, répondit Tanen. On verra si on peut le sortir en salles. - Tu verras si tu peux le sortir ?, gronda Coppola, apoplectique. Tu devrais plutôt te mettre à genoux et remercier George d'avoir sauvé ton boulot. Ce gosse s'est crevé pour faire ce film pour toi. Et il l'a fini dans les temps et sans dépassement de budget. Le moins que tu puisses faire serait de le remercier."

Coppola se souvient d'avoir sorti son chéquier et offert d'acheter le film sur-le-champ à Universal, tout en lançant : "Si tu détestes le film tant que ça, laisse-le partir, on ira chez quelqu'un d'autre, et tu récupéreras ton fric."

"American Graffiti" sortit en salles le 1er août 73.
Il explosa tous les records et rassembla 55 millions de dollars au box-office.
Le film avait seulement coûté 775 000 dollars, plus 500 000 supplémentaires pour payer l’impression des copies et la promotion, soit un retour sur investissement de 4 300 %.

Lucas se fit à peu près 7 millions sur le film, ou 4 millions après impôts. Pendant des années, les Lucas avaient vécu avec 20 000 dollars au mieux par an. Pour Lucas cependant, malgré le radical changement de style de vie, le verre n’était qu’à moitié vide. Lucas voulait toujours être respecté en tant qu’artiste comme Coppola et Scorsese. Il dit un jour à William Friedkin qu’American Graffiti était une version américaine de « I Vitelloni » de Fellini.
Il se demandait pourquoi aucun critique américain ne l’avait relevé.
Friedkin pensa : « Mon Dieu, il croit vraiment avoir fait ça. Quel prétentieux ! »


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