"C'est arrivé demain" est un film américain de René Clair réalisé en 1944 à Hollywood.
À l'occasion de la cérémonie de son anniversaire de mariage, un homme vieillissant se remémore les faits incroyables qui lui arrivèrent, à l'époque où il rencontra sa femme, et désirait devenir un journaliste célèbre. Tout commença alors qu'il fit le vœu, après avoir bu quelques verres, de pouvoir connaître les événements avant qu'ils ne surviennent… « Oui oui, c'est possible », lui dit le vieil archiviste.
À son réveil le journaliste découvrira que le journal qu'il a en poche n'est pas celui du jour, mais celui du lendemain...
Que feriez-vous si vous aviez en votre possession le journal du jour avec 24h d’avance ? Penseriez-vous à votre réussite professionnelle sérieusement boostée par ces quelques pages d’informations avant l’heure ? Viseriez-vous la fortune et les jeux de hasard ? Et si dans ce journal vous découvriez votre propre rubrique nécrologique ! Attendriez-vous la mort avec le stoïcisme d’un moine zen ou essayeriez-vous de l’éviter par tous les moyens ? Telles sont les questions que Larry Stevens, jeune journaliste ambitieux, ne cessera de se poser avec en point de mire une vie rêvée d’honnête homme amoureux à accomplir.
Pour la petite histoire, c’est Frank Capra qui avait originellement acheté les droits de l’histoire, directement inspirée d’une pièce de théâtre en un acte de l’écrivain anglais d’origine irlandaise, Lord Dunsany. H. P. Lovecraft, fan éperdu de son oeuvre, le considérait même comme un des grands maîtres de la littérature fantastique.
Quand le projet fut finalement proposé à René Clair, un pré-scénario de Hugh Wedlock et Howard Snyder accompagnait aussi le paquet cadeau. Qu’à cela ne tienne, René Clair, intéressé, accepta même de revoir le tout avec Dudley Nichols (scénariste attitré de John Ford et bourreau de travail). A raison de 9 heures de sueur par jour, le duo boucla en trois semaines, scénario, dialogues et découpage. René Clair était mort de fatigue mais il ne restait plus qu’à tourner ce petit bijou.
« C’est Arrivé Demain » est l’archétype du film faussement dévalué et qui, le temps passant, regagne ses galons et se révèle plus intéressant et subtil qu’on ne le croit. Tout d’abord, l’idée de base est originale et met en évidence l’esprit pionnier des grands réalisateurs du cinéma des années quarante qui touchèrent à tous les genres (mélodrames, drames, comédies, policiers, fantastiques) sans se poser de questions particulières. Ensuite, avec pour thèmes principaux les paradoxes temporels, René Clair, ici dans sa période américaine, joue habilement la carte de la comédie fantastique dotée d’un fond humaniste. On l’accusa de se tirer d’affaire en épousant les contours d’un genre facile dont le sujet de base ne serait qu’un alibi, c’était sous estimer le talent d’un réalisateur capable d’émouvoir avec peu et d’utiliser au mieux le talent des deux acteurs principaux que sont Dick Powell et Linda Darnell, superbe de grâce aérienne. C’est aussi attacher une trop grande importance à la lourdeur de certains thèmes contemporains et refuser d’apprécier la grandeur de la légèreté. René Clair utilise peu de choses finalement mais sa réalisation quasi pointilliste, procède par petites touches (une scène, un regard, une main qui se tend, un sourire) pour installer une ambiance et susciter le rêve à chaque plan.
Au final, soyons précis, dans le registre de la comédie fantastique, on a rarement fait aussi bien depuis.
La légèreté n’est pas ici une facilité mais un art. Un film obligatoire pour tous les passionnés de fantastique, de SF et de cinéma inspiré.
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